"La performance et la barbarie sont si étroitement mêlés dans la culture que seule une ascèse barbare à l’encontre de la culture et de ses matrices permet d’entrevoir l’autre face du monde. "
Inakomyliachtchi
"L’esthétique – comme dimension du symbolique devenue à la fois arme et théâtre de la guerre économique – substitue le conditionnement des hypermasses à l’expérience sensible des individus psychiques ou sociaux. L’hypersynchronisation conduit à la perte d’individuation par l’homogénéisation des passés individuels, en ruinant le narcissisme primordial et le processus d’individuation psychique et collective : ce qui permettait la distinction du je et du nous, désormais confondus dans l’infirmité symbolique d’un on amorphe."
Bernard Stiegler
"Maintenant l’homme normal sait que sa conscience devait s’ouvrir à ce qui l’avait le plus violemment révolté :
ce qui, le plus violemment, nous révolte, est en nous."
Georges Bataille

« Partout où règne le spectacle, les seules forces organisées sont celles qui veulent le spectacle. Aucune ne peut donc plus être ennemie de ce qui existe, ni transgresser l’omerta qui concerne tout. »
Guy DEBORD
«Est-ce que la proposition honnête et modeste d’étrangler le dernier jésuite avec les boyaux du dernier janséniste ne pourrait amener les choses à quelque conciliation ?»
Lettre du curé Jean Meslier à Claude-Adrien Helvétius, 11 mai 1671.


« Nous supposons également que l’art ne peut pas être compris au travers de l’intellect, mais qu’il est ressenti au travers d’une émotion présentant quelque analogie avec la foi religieuse ou l’attraction sexuelle – un écho esthétique. Le goût donne un sentiment sensuel, pas une émotion esthétique. Le goût présuppose un spectateur autoritaire qui impose ce qu’il aime ou ce qu’il n’aime pas, et traduit en « beau » et « laid » ce qu’il ressent comme plaisant ou déplaisant. De manière complètement différente, la « victime » de l’écho esthétique est dans une position comparable à celle d’un homme amoureux, ou d’un croyant, qui rejette spontanément les exigences de son ego et qui, désormais sans appui, se soumet à une contrainte agréable et mystérieuse. En exerçant son goût, il adopte une attitude d’autorité ; alors que touché par la révélation esthétique, le même homme, sur un mode quasi extatique, devient réceptif et humble. »
Marcel DUCHAMP

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dimanche 24 juin 2012

FIN DE TRANSHUMANCE


Ce qu'il fallait voir, on l'a vu. 
Occupons nous du monde d'après. 
Laissons les morts enterrer les morts.

INAKOMYLIACHTCHI

dimanche 18 mars 2012

Aux gens de la Commune, poème de Victor Hugo - 141° Anniversaire de la Commune de Paris (situation de transhumance)

Qu’est-ce que Dieu fera de ces athées ?

Oh ! ceux-là, ces porteurs d’âmes à leur insu,

Ces donnant qui n’ont pas demandé de reçu,

Ces prêteurs qui croyaient la banqueroute sûre,

Ces désintéressés qui n’ont point fait l’usure

Des bonnes actions, ni à Dieux maudis !

Ni vendu du martyre au poids du paradis ;

Ces aveugles marchant au but dans les problèmes,

Ces ténébreux sacrés par les ténèbres mêmes,

Ces passants qui, saignant, sans compter sur quelqu’un,

Tristes, ont fait le bien rien que pour son parfum,

Ces graves orphelins qui se sont montrés père,

Ces croyants de la nuit qui furent des lumières,

Ces souffrants qui vivaient offrant le bon, le beau,

Le sublime, à la cendre horrible du tombeau,

Ces purs entres les purs, ces héros ! il est juste

Que la tombe leur soit une surprise auguste,

Que leur punition soit de venir dieux,

Que ces désespérés, tout à coup radieux,

Se courbent en criant : Quoi ! cela recommence !

Sous l’éblouissement de la lumière immense,

Et que l’aube suprême éblouisse leurs yeux !

Dieu doit à de tels saints l’étonnement des cieux.

dimanche 12 février 2012

VIVRE VITE ET NE RIEN VOIR. PERDRE SON TEMPS ET ÉCOUTER.

"TU PORTERAS TON ATTENTION
LÀ OÙ L'ON T'AURAS DIT DE LE FAIRE"
"LE RESTE EST UNE PERTE DE TEMPS"
(LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE)
Par un froid matin de janvier, un homme assis à une station de métro de Washington DC a commencé à jouer du violon. Il a joué six morceaux de Bach pendant environ 45 minutes. Pendant ce temps, comme c’était l'heure de pointe, il a été calculé que des milliers de personnes sont passées par la gare, la plupart d'entre elles en route vers leur travail.

Trois minutes se sont écoulées et un homme d'âge moyen a remarqué qu’un musicien jouait. Il a ralenti son rythme, a arrêté pendant quelques secondes, puis se précipita pour respecter son horaire.

Une minute plus tard, le violoniste a reçu son premier dollar : une femme jeta de l'argent dans l’étui de son violon et, sans s'arrêter, a continué son chemin.

Quelques minutes plus tard, quelqu'un s'adossa au mur pour l'écouter, mais l'homme a regardé sa montre et a repris sa marche. Il est clair qu'il était en retard au travail.

Celui qui a apporté le plus d'attention à la prestation musicale fut un petit garçon de 3 ans. Sa mère l’a tiré vers elle, mais le garçon s’est arrêté pour regarder le violoniste.

Enfin, la mère a tiré plus fort et l'enfant a continué à marcher en tournant la tête tout le temps. Cette action a été répétée par plusieurs autres enfants. Tous les parents, sans exception, les forcèrent à aller de l'avant.

Durant les 45 minutes que le musicien a jouées, seulement 6 personnes se sont arrêtées et sont restées à l’écouter pendant un certain temps. Environ 20 lui ont donné l'argent, mais ont continué à marcher à leur rythme. Il a recueilli 32 $. Quand il finit de jouer et que le silence se fit, personne ne le remarqua. Personne n'applaudit, ni n’exprima quelque reconnaissance que ce soit.

Personne ne savait cela, mais le violoniste était Joshua Bell, l'un des meilleurs musiciens au monde. Il a joué l'un des morceaux les plus difficiles jamais écrits, avec un violon une valeur de 3,5 millions de dollars.

Deux jours avant sa prestation dans le métro, Joshua Bell joua à guichets fermés dans un théâtre de Boston où un siège coûtait en moyenne 100 $.

C'est une histoire vraie. Joshua Bell joua effectivement incognito dans la station de métro

Cet événement a été organisé par le Washington Post dans le cadre d'une expérience sur la perception, les goûts et les priorités des gens. L’énoncé était: dans un environnement commun à une heure inappropriée sommes-nous en mesure de percevoir la beauté?

Nous arrêtons-nous pour l'apprécier? Savons-nous reconnaître le talent dans un contexte inattendu?
L'une des conclusions possibles de cette expérience pourrait être: si nous n'avons pas un moment pour nous arrêter et écouter un des meilleurs musiciens au monde jouant la meilleure musique jamais écrite, combien d'autres choses manquons-nous ?

vendredi 10 février 2012

Situation de transhumance

  La grande chasse en laquelle la vie s'offre elle-même à la vérité pour être le lieu de sa venue, sa seule manifestation et son seul accomplissement possibles, c'est la culture, soit l'ensemble de toutes les expériences au sens de toutes les expérimentations par lesquelles la vie conduit à la réalité d'une "présence" en elle.




mercredi 16 novembre 2011

Ruine de l'expérience (situation de transhumance)

Il est arrivé un moment où les expériences ne s'échangeaient plus. Ce n'était pas parce qu'on manquait de savoir. Au contraire, on en avait trop, il nous dépassait tous et surtout, dans sa façon de dépasser chacun d'entre nous, il était devenu impersonnel. Il pouvait faire l'objet d'expérimentations ou de vérifications, mais en tant que personnes, nous ne pouvions plus échanger entre nous à son sujet.

MORT DE LA NUIT (situation de transhumance)

Pasolini, neuf mois avant d'être retrouvé assassiné sur une plage écrivait dans son carnet : "Au début des années soixante, à cause de la pollution atmosphérique et, surtout, à la campagne, à cause de la pollution de l’eau (fleuves d’azur et canaux limpides), les lucioles ont commencé à disparaître. Cela a été un phénomène foudroyant et fulgurant. Après quelques années, il n’y avait plus de lucioles. (Aujourd’hui, c’est un souvenir quelque peu poignant du passé : un homme de naguère qui a un tel souvenir ne peut se retrouver jeune dans les nouveaux jeunes, et ne peut donc plus avoir les beaux regrets d’autrefois.)"


La nuit ne devient pas plus noire avec la disparition des lucioles ; 
au contraire, elle progresse en clarté.

"Déjà, la nuit se perd. Nous ne pouvons même plus savoir ce qu’elle a été. Il n’y a plus en France, sauf en Lozère peut-être, un seul endroit assez éloigné des villes et du faisceau de leurs lumières pour que la nuit y soit encore ce qu’elle a été dans l’expérience des poètes et des mystiques, et pour que les étoiles soient lisibles comme elles l’ont été pour toutes les générations avant nous. La Voie lactée a presque disparu. Dans les cités où vivent la grande majorité d’entre nous, on n’a plus aucune idée de ce que pouvaient être les constellations. Le ciel est lettre morte. Dans un monde sans absence, sans écart avec lui-même, constamment éclairé, sans frontière, sans ailleurs, sans étrangèreté, pareil au même, c’est toute la grande lyrique occidentale, mais universelle aussi bien, qui s’effondre et dont la haute consolation perd avec tout référent toute portée. Tout se passe comme s’il n’y avait pour l’homme, sur la terre, qu’une quantité constante d’humanité ; et plus l’homme est nombreux moins il s’en trouve pour chacun, moins il a lieu, matière, espace et raison d’être homme." (Renaud Camus, Du sens)

Oui, la nuit devient plus claire et plus insignifante.

vendredi 4 novembre 2011

SITUATION DE TRANSHUMANCE

Toutes ces liquidités injectées…
Toujours plus de lubrifiant et de moins en moins de plaisir
La machine à jouïr est grippée… Il reste la machine à tuer.
Berlusconi, DSK, Kadhafi, Goldman Sachs, mêmes orgies, même impuissance à la plénitude.
De la téléréalité au snuff movie, il n’y a qu’une cruauté d’écart.
Guerres civiles, guerre d’Iran… produits dérivés hardcore de la Libre Concurrence.
L’homme malade préfère détruire plutôt qu’affronter le nouveau, l’inconnu, le fragile.

mardi 1 novembre 2011

Du grain à moudre (situation de transhumance)

La critique de la valeur digérer et diffuser  par les cercles institués:
André Orléan, L’Empire de la Valeur

Comment expliquer que des millions de producteurs et de consommateurs séparés arrivent à se coordonner pour faire fonctionner des économies de marché ? Jusqu’ici, la pensée économique y a répondu en attribuant une valeur à chaque objet marchand, rendant ainsi les échanges possibles. Ce qui ne fait que déplacer la question : qu’est-ce qui détermine alors la valeur des choses ?
(…)
André Orléan pose, après René Girard, que les individus ne savent pas ce qu’ils désirent et que, pour déterminer ce qui mérite d’être acquis, ils regardent ce qu’achètent les autres, avant de suivre par désir mimétique. Ils vont alors décider d’obtenir les objets de prestige qui leur permettront de se différencier socialement. Et le premier d’entre eux est la monnaie, car sa liquidité, sa capacité à être acceptée par les autres comme pouvoir d’achat, est première. Ainsi, « la fascination pour l’argent est au fondement de toutes les économies marchandes. Elle en est l’énergie primordiale. »

samedi 29 octobre 2011

FENÊTRE D'OPPORTUNITÉ (SITUATION DE TRANSHUMANCE)

Il faut mettre les “collaborateurs” du Système devant leurs responsabilités, et les nécessités de sauvegarde ; leur faire prendre conscience qu’il est temps qu’ils se précipitent pour prendre leurs cartes de résistants, comme faisaient les collabos habiles, devenus à l’été 1944 résistants de la 25ème heure. Il faut qu’ils en arrivent eux-mêmes, – d’abord par opportunisme, puis par intérêt, puis par conviction, – à suspecter le Système, à l’accuser, à le bousculer, à le condamner, à le vouer aux gémonies.

mardi 18 octobre 2011

Diagnostic d'une célébration funèbre

L'éditorialiste de la Repubblica écrit au lendemain du décès de Steve Jobs,
 "Jobs ce n'était pas de l'économie, c'était de l'art..." 



En saluant l'homme de progrès, on pense à la définition du socialisme que l'excellent Strauss-Kahn a pu donner au début de l'année lorsqu'il a répondu à cette question troublante "qu'est-ce que le socialisme?", de manière improvisée puisque c'est une question à laquelle il ne pense pas tous les jours, et il a dit finalement: "c'est l'avenir, l'espoir, l'innovation". Ce qui peut paraître un peu juste au regard des définitions de Marx, Jaurès ou Proudhon, fonctionne à plein pour Steve Jobs, c'est l'homme de l'avenir, de l'innovation, et de l'espoir au sens où la prochaine génération de l'ipad fait partie à tout pris du champ de mes espérances.

 Le capitalisme n'est pas seulement un système économique, c'est pour emprunter la formule de Mauss, un fait social total, il y a un imaginaire, des célébrations poétiques, et c'est d'ailleurs la grande distinction que Marx fait dans "L'idéologie allemande" quand il analyse la classe bourgeoise. Il dit que d'un côté il y a les membres actifs, c'est à dire ceux qui se coltinent la gestion des affaires et de l'entreprise, qui seront finalement à l'origine de la bourgeoisie de droite, celle qui vit à Neuilly et lit Le Figaro, et puis, il y a les intellectuels actifs qui font partie de cette même bourgeoisie, qui seront Place des Vosges et plutôt lecteur de Libération, et qui  sont là pour élaborer l'illusion que cette classe se fait sur elle-même, c'est-à-dire en faire de l'art, de la poésie, c'est à dire une nouvelle forme de légitimation, post-religieuse, mais qui sert les mêmes desseins que l'ancienne, l'auto-légitimation et le culte de sa vanité. 
L'illusion qui légitime, celle dont on tire sa foi, son autorité, sa confiance et sa supériorité, est aussi le foyer dont on tire un imaginaire que l'on propage, où comment assoir la soumission des serviteurs par l'imposition d'un Imaginaire dont on est la pièce centrale, en fomentant la circulation  des valeurs et des techniques qui servent à sa constitution et à son renforcement, c'est à dire celles qui font intégrer la servitude comme une donnée allant de soi.


La bourgeoisie de droite écrit en prose ce que la bourgeoisie dite de gauche célèbre de façon rhétorique et poétique. Steve Jobs est à la fois un homme de droite et un homme de gauche, un grand entrepreneur et le poète de la grande entreprise, il est un héros de notre temps, tout cela paraît très logique et vérifie par son jeu rhétorique l'unité d'action et de pensée de la classe prédatrice.


mardi 11 octobre 2011

SITUATION DE TRANSHUMANCE (LE TRAVAIL DU RESTE)

 Digression sur "l'idée", "le cultiver", 
et sur la manière de fabriquer du "produit" au sein du cycle des transformations


***
La nature ne crée pas de déchets.
 
 La nature n’ a pas de point de vue.


Dans la nature, rien n’est déchet, tout est déchet. Le bousier qui pousse sa pelotte pour aller en faire habitat en même temps que nourriture, est un élément du perpétuel cycle de transformation-utilisation de toute chose et pas l’éboueur recycleur que pourrait y voir un esprit humain.
Il est évident qu’il nous faut urgemment réintégrer ce principe du vivant en envisageant, dès sa conception, la possibilité de transformation écologiquement nourricière de l’objet produit qu'il soit matériel ou immatériel (et je pense ici plus particulièrement aux idées). 
Il nous faut penser la trame de ses transformations, de ses reprises, remakes et disséminations, "rumorologie", incrustations ou autres récits qui se déclenchent, de tout ce mouvement nous avons beaucoup à apprendre sur comment fonctionne le cycle des transformations? quel est le poids de l'opportunisme et du hasard? l'élucidation des stratégies qui se répètent? et un sans fin de données que la pratique va nous apporter.
Il y a un "vrai" retour sur investissement à labourer la terre avec amour comme à faire retour sur ces souvenirs pour reprendre des actions passées: labourer le temps, pour du familier faire l'élan qui conduit.

mercredi 21 septembre 2011

PAS DE CULTURE SANS "LE CULTIVER" - Edward Twitchell Hall


L'homme occidental a créé le chaos en privilégiant ses dons d'analyse aux dépens de ses dons d'intégration de l'expérience.
Grâce aux modèles, nous observons et nous vérifions le fonctionnement des phénomènes. Les hommes s'identifient étroitement aux modèles qui façonnent leur comportement. Tous les modèles théoriques sont incomplets. Par définition, ce sont des abstractions, et ils omettent donc fatalement certains faits. Les éléments censurés sont aussi importants, si ce n'est plus, que les éléments non censurés, car ce sont ces omissions qui donnent structure et forme au système.
En occident, on se préoccupe davantage du contenu et de la signification du modèle que de sa construction, de sa structure, de son fonctionnement et des objectifs qu'il est supposé atteindre.
La planification qui aboutit au découpage de nos activités nous permet de nous concentrer sur une chose à la fois, mais nie l'importance du contexte.
L'espace et son organisation indiquent l'importance d'une personne et sa place dans la hiérarchie. La possibilité de décider de son emploi du temps indique que quelqu'un est arrivé.
Les entreprises commerciales et les administrations subordonnent l'homme à l'organisation, et y parviennent en grande partie grâce à la manière dont elles manipulent les systèmes spatiotemporels.
De nombreux Américains font l'erreur habituelle de confondre leur programme avec la réalité et de retrancher de la vie leur personne. Oublier l'existence du contexte limite notre perception des événements, ce qui influence de façon subtile et profonde notre mode de pensée en le cloisonnant.
Les enfants mais aussi les personnes de tous âges ont une capacité naturelle à apprendre. Bien plus, la connaissance apporte sa propre récompense. Comme on mange ou on fait l'amour, on peut être poussé à apprendre par plaisir. Pourtant la chose s'est déformée dans l'esprit des enseignants qui ont confondus l'étude avec ce qu'ils appellent l'éducation. Ils croient généralement que l'école a le monopole du savoir, et que leur travail consiste à l'inculquer aux enfants. Pendant des millions d'années, les hommes ont appris sans écoles.
Les systèmes techniques sont extériorisés, c'est à dire projeté, et sont poursuivis en dehors du corps.
Une des particularité du phénomène de transfert est que le modèle projeté est considéré comme seul réel et appliqué sans discrimination à des situations nouvelles.
Les projections fragmentent la vie et rendent l'homme étranger à ses actes.
L'image qu'on a des autres est composée en grande partie de projections de divers éléments de sa propre personnalité, ainsi que de ses propres besoins psychiques, qui sont traités comme s'ils étaient innés.
De nos jours, l'homme est constamment en contact avec des inconnus car ses projections ont à la fois élargi son champ d'action et rétréci son univers ; il lui est donc nécessaire de dépasser sa propre culture, ce qui n'est possible qu'en rendant explicites les règles qui l'ordonnent.
Le langage n'est pas un système qui transmet des pensées ou des significations d'un cerveau à un autre, mais un système qui organise l'information et qui délivre des pensées et des réponses à d'autres organismes. On peut communiquer de diverses façons, mais il est impossible de l'implanter dans l'esprit des autres.
Il est très facile et très naturel de considérer les choses de son propre point de vue et d'interpréter un événement comme si ce point de vue était le même partout au monde.
Le lien qui nous attache au travail est très fort. En fait, la réussite professionnelle implique en général une existence entièrement consacrée au travail, et une vie familiale et personnelle reléguée au second plan. Établir des relations profondes avec les autres nous demande un temps très long.
Il n'est jamais possible de comprendre à fond un être humain autre que soi ; et aucun individu ne se comprendra vraiment lui-même. la tache est trop ardue et le temps manque pour démonter tous les mécanismes et les examiner. C'est par là que commence la sagesse dans les relations humaines. Se connaître et comprendre les autres sont deux opérations étroitement liées. Pour connaître les autres il faut d'abord se connaître, et les autres alors vous aident à mieux vous connaître.
Les informations doivent toujours être interprétées dans un contexte. D'ailleurs, elles forment très souvent une partie essentielle du contexte dans lequel le message purement verbal prend son sens. Un contexte n'a jamais de sens spécifique. Et pourtant le sens d'une communication dépend toujours de son contexte.
Sans contexte, le code est incomplet car il ne renferme qu'une partie du message. Un événement est généralement beaucoup plus complexe et riche que les mots qui servent à le décrire. En outre, le système écrit est une abstraction du système verbal et fonctionne comme un système de rappel de paroles. Dans l'opération d'abstraction, à la différence de l'opération de mesure, on retient certaines choses et on ignore inconsciemment les autres.
Ce que l'homme choisit de percevoir, consciemment ou inconsciemment, est ce qui donne signification et structure à son univers. Bien plus, ce qu'il perçoit est déjà ce "qu'il compte faire".
Il est important dans un dialogue de parvenir à se connaître suffisamment pour bien définir ce que chaque personne prend en considération et ce qu'elle néglige. Ceci nous permet de comprendre la relation que la signification entretient avec le contexte. La mise en contexte est un moyen important de faire face à la très grande complexité des transactions humaines et d'éviter l'enlisement du système par dépassement de capacité.
Dans la vie, le code, le contexte et la signification ne peuvent être considérés que comme les différents aspects d'un fait unique.
Les communications riches en contexte agissent comme force d'unification et de cohésion, elles sont durable. Les communications pauvres en contexte n'unifient pas, mais elles peuvent changer facilement et rapidement.
L'instabilité des systèmes faibles en contexte est tout à fait nouvelle pour l'humanité. Bien plus, nous n'avons pas emmagasiné l'expérience qui nous indiquerait le comportement à adopter face à un changement aussi rapide.
La culture française est un mélange inextricable d'institutions et de situations dont le contexte est alternativement riche ou pauvre. Il n'est pas toujours possible pour un étranger de savoir s'y retrouver.
Chaque culture n'est pas seulement un ensemble intégré, mais possède ses propres règles d'apprentissage. Celles-ci sont renforcées par des modèles différents d'organisation globale. Comprendre une culture différente consiste en grande partie à connaître son mode d'organisation, et à savoir comment s'y prendre pour en acquérir la connaissance dans cette culture-là. On n'y parvient pas si l'on s'obstine à se servir de modèles d'enseignement hérités de sa propre culture.
Ceux dont l'action se soumet à des règles et à des autorités sont lents à percevoir la réalité d'un autre système. Projetant ce qu'on leur a enseigné dans le passé, ils adaptent le monde à leur propre modèle.
On n'acquiert pas une pratique en combinant des éléments appris par cœur selon des règles qu'il faut se rappeler en cours d'action. L'opération est trop lente et trop complexe. On apprend par unités globales, qui s'insèrent dans un contexte de situations et peuvent être mémorisées comme des ensembles.
Dans le monde occidental, la négation et la non-reconnaissance des besoins standards de l'homme ont provoqué des déformations inouïes dans notre mode de vie, nos valeurs et le développement de notre personnalité.
Le temps est le principe d'organisation dominant de notre culture. Il s'impose comme une contrainte extérieure, qui étend ses tentacules dans tous les plis et replis de nos actes les plus intimes. Notre système temporel a beaucoup contribué à aliéner l'homme occidental. La maladie peut être due à un désir d'échapper aux contraintes du temps, de retrouver et de redécouvrir son propre rythme, mais à quel prix.
Si quelque chose peut changer la vie, c'est bien la perception du temps. Le temps n'est pas une "simple convention", mais l'un des systèmes les plus fondamentaux qui ordonne l'existence. Sans unification des horaires, la société industrielle n'aurait pas vu le jour. L'horaire est sacré, tout le monde doit s'y plier.
L'éducation influence les processus mentaux, ainsi que le choix de nos solutions. Je ne me réfère pas au contenu de l'éducation mais à la structure des méthodes qui emprisonnent la pensée dans des moules.
L'intelligence n'est pas née avec l'homme et le cerveau mammifère n'a pas commencé à fonctionner avec la scolarisation. Il a évolué sur des millions d'années, en résolvant dans le réel les problèmes de lutte pour la vie.
La vérité est imprimée sur une page, la réalité est image. Tout nous conditionne à l'appauvrissement et à la banalisation de nos informations sensorielles. Nous vivons manipulés par le monde fragmenté et artificiel de la publicité et de la propagande. Le médium est réellement le message.
Le cerveau créateur est un mécanisme qui oublie. Nous ne nous rendons pas compte de l'importance de l'oubli.
L'entraînement ou l'accoutumance modifie l'organisation de l'activité cérébrale dans un sens qui permet au cerveau d'effectuer des taches familières sans avoir recours aux procédés d'analyse, ce qui revient à dire que la tâche relève d'un stéréotype. Nos écoles, nos universités et nos institutions reposent en grande partie sur cette ressource de l'accoutumance.
Les études menées dans le monde entier sur les groupes d'affaires, les équipes sportives et même les armées ont révélé l'existence d'un chiffre idéal pour une équipe de travail. Ce chiffre idéal se situe entre huit et douze individus. Il est possible à huit ou douze personnes de se connaître suffisamment pour exploiter au maximum les ressources du groupe. Dans les groupes dépassant ce nombre, il devient très difficile d'établir un réseau de communication entre tous les individus. On les enferme dans des catégories qui déclenchent le processus de dépersonnalisation. La participation et l'engagement se relâchent, la mobilité en souffre, la direction du groupe se fait manipulatrice et politique.
Dans les écoles on a remplacé le désir naturel d'apprendre par la discipline, qu'on a intégré à la culture. Par une profonde méconnaissance de la biologie des primates, les écoles font du plus intelligent des primates une créature aliénée qui s'ennuie.
Ne pas avoir compris l'importance du jeu dans le développement des êtres humains a eu des conséquences incalculables, car non seulement le jeu est essentiel pour apprendre, mais (contrairement à d'autres pulsions) il est une fin en soi.
La vie scolaire est une excellente préparation à l'acceptation de la bureaucratie adulte: son but est moins la transmission des connaissances que l'enseignement du respect de l'autorité, l'assimilation de ses techniques et le maintien de l'ordre.
Les élèves remuants sont définitivement classés dans la catégorie des "agités", regardés comme des phénomènes et souvent drogués. Les phénomène sont peut-être bien ceux qui parviennent à rester tranquilles sur leurs chaises, et témoignent de l'incroyable faculté d'adaptation de l'espèce humaine. La position assise dans un espace exigu est l'une des pires tortures que l'on puisse infliger à l'espèce humaine.
Nous avons idolâtré l'organisation au détriment de l'individu, introduisant ainsi de force ce dernier dans des moules qui ne lui convenaient pas.
Le savoir est absolument nécessaire pour assurer la survie à la fois de l'individu, de la culture et de l'espèce. Seul l'homme ne grandit, ne mûrit et n'évolue que grâce au désir de savoir. On a trouvé le moyen de transformer l'une des activité humaine les plus enrichissantes qui soient en une expérience pénible, ennuyeuse, monotone, fragmentaire, étroite et abrutissante.
Nous, qui avons été formés par la culture occidentale, sommes convaincus de détenir la vérité que Dieu nous a communiquée par satellite, et tout ce qui ne s'y conforme pas n'est que superstition et déformation qui révèlent des systèmes de pensée inférieurs ou moins évolués. Et cela nous donne le droit de les délivrer de leur obscurantisme pour en faire nos égaux. L'éclatant succès que notre technologie a remporté sur le monde physique a aveuglé Européens et Américains sur les difficultés de leurs propre existences, et leur a donné un sentiment de supériorité totalement injustifié à l'égard de ceux qui n'ont pas atteint le même développement technologique. La science est notre nouvelle religion. Ses affirmations et ses rites ont, pour la plupart, valeur de dogmes.
Le système américain est implicitement très gratifiant pour ceux qui ont des facilités d'expression et d'élocution ainsi que pour ceux qui savent manier les chiffres, puisque rien d'autre ne paie. Aussi, les étudiants sont-ils souvent largués, surmenés, ou rejetés du système, non par manque de dons ou d'intelligence, mais par inadéquation de leurs talents particuliers avec le système.
Par leur nature même, les administrations n'ont ni conscience, ni mémoire, ni esprit. Elles ne servent que leurs intérêts propres, sont amorales et irrationnelles. Ce n'est pas l'injustice sociale mise sur le compte des leaders politiques qui causent les révolutions. C'est quand la bureaucratie se mue en une machine écrasante, inefficace, incapable de répondre aux besoins du public, que les gouvernements tombent.
Les paradigmes culturels font obstacle à la compréhension, parce que chacun de nous est doté par la culture de solides œillères, d'idées préconçues implicites et dissimulées qui contrôlent nos pensées et empêchent la mise à jour des processus culturels.
Il est impossible de dépasser sa propre culture, sans découvrir d'abord ses principaux axiomes cachés et ses croyances implicites sur ce qu'est la vie et la façon de la vivre, de la concevoir, de l'analyser, d'en parler, de la décrire et de la changer. Parce que les cultures sont des entités systématiques (composées de systèmes associés, dans lesquels chaque élément est en relation fonctionnelle et réciproque avec les autres éléments) qui sont fortement reliées au contexte, il est difficile de les décrire de l'extérieur. Une culture donnée ne peut être comprise simplement en termes de contenu et de parties. Il faut connaître l'agencement des parties en un tout, le fonctionnement des systèmes et des dynamismes principaux et la nature de leurs relations. Et ceci nous mène à un point capital : il est impossible de parler convenablement d'une culture uniquement de l'intérieur ou de l'extérieur sans se référer à une autre culture. Les personnes qui possèdent une double culture, ainsi que les situations de contacts culturels, augmentent les occasions de comparaison. Il existe deux autres situations qui mettent à découvert la structure cachée d'une culture : l'éducation des enfants, qui nécessite des explications, et l'écroulement des institutions culturelles traditionnelles tel qu'il se produit en ce moment. La tâche est loin d'être simple. Cependant, la compréhension de nous-même et du monde que nous avons créé, et qui à son tour nous crée, est peut-être la seule tâche vraiment importante que doive affronter aujourd'hui l'humanité.

1979, Edward T. Hall (extraits).


samedi 10 septembre 2011

SITUATION DE TRANSHUMANCE (NÉCESSITÉ DU FAIRE-VALOIR)

Le français est plus que tout autre le dépossédé, le misérable. Il est soumis dès le plus jeune âge, au travail féroce et séculaire d'individualisation par un pouvoir d'État qui note, compare, discipline et sépare ses sujets, afin que seule soit préservée la "Citoyenneté", l'appartenance fantasmatique à sa République. Sa haine de l'étranger se fond avec sa haine de soi comme étranger. Sa jalousie mêlée d'effroi pour les "cités" ne dit que son ressentiment pour tout ce qu'il a perdu. Il ne peut s'empêcher d'envier le peu de communauté qui persiste dans ces quartiers. Les immigrés tiennent dans ce pays une curieuse position de souveraineté: s'ils n'étaient pas là, les Français n'existeraient peut-être plus.



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dimanche 10 juillet 2011

SITUATION DE TRANSHUMANCE


JE VAIS BOIRE DURANT QUELQUES JOURS, ME TAIRE DURANT QUELQUES SEMAINES, 
       ET LES ATHÉNIENS S'ATTEIGNÈRENT.


IL EST TERRIBLE LE PETIT BRUIT DE L' OEUF DUR 
CASSÉ SUR LE COMPTOIR D'ÉTAT.

jeudi 23 juin 2011

SITUATION DE TRANSHUMANCE (la Terreur qui vient)


En établissant les sociétés, les hommes n’ont renoncé à une portion de l’indépendance dans laquelle la nature les a fait naître, que pour s’assurer les avantages qui résultent de leur soumission à une autorité légitime & raisonnable. (Encycl., art. POUVOIR)
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La démocratie est née à Athènes quand Solon a annulé les dettes des pauvres envers les riches. Aujourd'hui on autorise les banques à détruire la démocratie européenne, en extorquant des sommes gigantesques qu’elles ont elle-même générées sous forme de dettes. Comment peut-on proposer un ancien collaborateur de la Goldman Sachs pour diriger la Banque centrale européenne ? De quelle sorte de gouvernements, de quelle sorte de politiciens disposons-nous en Europe ? A l'heure où les espagnols préconisent ce 3 juillet des jugements symboliques (voir blog en-dessous), se rendent-ils comptent qu'à ce train-là ils resteront symboliques peu de temps.

vendredi 27 mai 2011

SITUATION DE TRANSHUMANCE (BRASSER LE SANG DU SPECTACLE)

C'EST LA CHAIR QUI PENSE. 

À TRAVERS LA FAMILIARITÉ AVEC LE MYSTÈRE, JE PRÈTE MA CHAIR AU MONDE. 
À  L'IMAGE DE DIONYSOS, C'EST LE MONDE QUE J'INCARNE DE MA CHAIR DISPERSÉE. 
L'INCARNATION DU MONDE CONCILIE AUTANT UN RAPPPORT AU MONDE, DUALISTE, TRANSCENDANT, QUE MONISTE OU IMMANENT. IL S'AGIT D'ILLUSIONS CONVENUES MAIS INCARNÉES.
QU'ELLES SOIENT CONVENUES OU PAS N'AURAI D'AILLEURS AUCUN D'INTÉRÊT. 
LES DÉFINITIONS SONT À REJETER. 

C'EST MA MATIÈRE -LA MATIÈRE VÉCUE- QUI S'IMPOSE.

samedi 14 mai 2011

SITUATION DE TRANSHUMANCE (moi-moi entre parenthèses)

Moi, système capitaliste (1% de la population, plus leurs complices directs 10 à 15%), du haut de ma puissance, j'accapare et je possède le vain et l'illusoire. Toi, le reste de la population, dépourvu de puissance, tu est le "tube digestif" sommé de consommer, des choses aussi vaines et illusoires, reflets de ma propre puissance et organiser en tant que tels. 
Et pour que t'ai pas l'idée de te régir par d'autres codes que les miens, je ferai passer sur toi au quotidien le bulldozer du marketing pour qu'il "t'informe", la culture, les modes de vie, le rapport social, l'acceptation de ce qui est (la fermeture de tes horizons) et la crainte concomitante de perdre ce qui t'écrase...enfin le Spectacle dans toute sa splendeur.