Croire que La Crise est économique, financière, sociale, politique,
écologique ou idéologique, c’est toujours croire… Si nous nous posions
la question « comment croyons-nous », peut-être qualifierions-nous La
Crise d’épistémologique..
Le malheur de l’homme, semble-t-il,
vient de ce qu’il n’a pas trouvé le moyen de transformer la régulation
individuelle en servomécanisme inclus dans l’espèce, il s’arrête
toujours en chemin à des groupes, des sous-ensembles qui ne
conceptualisent pas eux-mêmes leur appartenance à cette espèce ni ne
découvrent les moyens d’être englobés par elle. Il n’est pas étonnant,
dans ces conditions que nous nous apercevions tardivement que l’espèce
humaine n’a pas géré les biens à sa disposition, biens matériels et
énergétiques, monde vivant de la flore et de la faune et monde humain
lui-même, aboutissant à l’organisation des structures économiques et
sociales. En effet, tous les niveaux d’organisation qui vont de la
molécule au système nerveux humain et à son fonctionnement en situation
sociale ont jusqu’ici été ignorés et remplacés par un discours, dont la
raison d’être est que l’analyse logique à partir de faits dits objectifs
aboutit forcément à la réalité ; mais la logique du discours n’a rien à
voir avec la logique de la chimie et de la neurophysiologie du système
nerveux humain en situation sociale….
….Aussi longtemps que les
connaissances progressives qui concernent le système nerveux central et
que nous en avons ne feront pas partie de l’acquis fondamental de tous
les hommes, au même titre que le langage dont il est la source (alors
que celui-ci exprime surtout notre inconscient sous le déguisement du
discours logique), nous ne pourrons pas faire grand-chose. Tout sera
toujours noyé dans le verbalisme affectif….
H. LABORIT La colombe assassinée, p. 34