NOTE À PARTIR DE CASTORIADIS SUR DÉMOCRATIE & AUTONOMIE
« Une société autonome implique des individus autonomes. Les individus deviennent ce qu’ils sont en absorbant et intériorisant les institutions ; en un sens, ils sont l’incarnation principale de ces institutions [...] Nous pouvons formuler l’objet premier d’une politique de l’autonomie, à savoir démocratique : aider la collectivité à créer les institutions dont l’intériorisation par les individus ne limite pas, mais élargit leur capacité de devenir autonomes » (Cornélius Castoriadis, Le monde morcelé, Les carrefours du labyrinthe III, Paris, Seuil, 1990, p.150-151).
La prise en compte de la pulsion de domination, de la volonté de puissance, d'accaparement, d'écrasement, et de jouissance provoqué par cet écrasement -négation d'autrui- est le nécessaire travail de l'intelligence humaine pour construire une société rendue autonome et faite d'individus autonomes. Personne au-dessus de personne. Tous les êtres se valent et tous sont infinis en puissance d'être.
A ce titre, il se pourrait que les anarchistes qui arrivent à ne pas se plier à la normativité de l’État (entendu globalement comme gouvernement des choses et des âmes) font en fait du « castoriadisme augmenté » (sic) car se sachant incarnés, animés par lui -lucides à ce titre- tout en maintenant des marges d'autonomie toujours actives et en reproduction permanente.
Elles peuvent être des formes de résistance (politique, etc), mais pas seulement, il s'agit d'être volontaire dans ses rapports au monde, d'absorber les ontologies sans les décrier ou déclasser. L'être traversé qu'est l'individu constitue un jeu délicat et tragique entre ouverture et fermeture. Le corps subtile de la matière pensante propre à s'affiner confine à conclure d'une doctrine mystique à propos de l'anarchiste. Il y va pour lui comme pour tant d'autres avant lui, mystiques, poètes, qualandars, soufis, fakirs, prophètes, du renoncement à son vouloir et de l'acceptation du monde, le surf avec la nécessité, le surf mystique: une noce mystique non dénuée d'érotisme, bien au contraire. C'est par ce passage, cette ordalie, qu'il s'autonomise. Il s'agit d'une voie à la fois très matérielle, très crue, violente même et pour autant complètement esthète. Il n'y a là d'ailleurs aucune contradiction si ce n'est quelque habitus bourgeois à désincruster.
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